Création de décor artificiels- posté par Brocéliande

Article réalisé par brocéliande (reproduction complète ou partielle interdite sans son autorisation)


Salut le forum ,

Voici mon retour d’expérience sur la construction d‘un décor 3D pour aménager un aquarium.
Je parle bien de retour d’expérience, plus que de « techniques » ou de « mode d’emploi », car ma méthode n’est pas la seule. N’hésitez d’ailleurs pas à la critiquer car elle peut largement être améliorée. Vos remarques sont les très bienvenues

En premier lieu, voici un petit bilan des matériaux que j’ai utilisés dans différents projets. Pour faire simple, voici les avantages (+) et les inconvénients (-), selon moi :

Le plâtre
+ facile à travailler pour donner de jolies formes
+ facile à peindre
- ne résiste pas à l’eau. Le revêtement étanche doit être une perfection. La moindre bulle, le moindre recoin non couvert ou la moindre fissure a posteriori et c’est la cata. L’eau s’infiltre, fait gonfler le plâtre et fait éclater le reste du revêtement. J’ai déjà eu un Gh à 38 !

Exemple
-> Je ne l’utilise plus.

La mousse polyuréthane + Très sympathique pour les formes naturelles qu’elle prend en séchant.
+ Très facile à tailler au cutter, ou autre
+ Excellent agent d’assemblage (tenir des pierres entre elles)
Brute en cours de séchage

- Toxique en milieu aquatique
- Difficile à couvrir d’un revêtement (type résine) car si vous la découpez, vous êtes confrontés à des millions de mini bulles très difficile à couvrir au pinceau.
- Un pouvoir flottant proprement hallucinant ! Composée de bulles d’air, il faut la lester en permanence, car à la différence d’une racine de bois elle ne doit pas se gorger d’eau (toxicité)
La même, après peinture et résinage



Le mortier ou le ciment hydrofuge

Deux matériaux que je décrits ensemble car, en ce qui nous concerne ici, ils ne se distinguent uniquement par leur granularité. Le mortier comporte des petits graviers (1 à 3 mm) alors que le ciment est plus lisse.
+ Facile à modeler (sous réserve de bien doser l’eau à ajouter)
+ Ne nécessitent pas de couverture de résine, obligatoirement
+ Excellent agent d’assemblage (coller des pierres entre elles)
+ Utilisable en recouvrement de la mousse, pour un aspect « roche » ou « bois » mieux simulé
- Temps de séchage qui peut-être long selon l’épaisseur ou le volume utilisé
- couleur grise qui bien souvent nécessite une couche de peinture et, donc, une (ou deux) couches de résine pour isoler la peinture de l’eau

NB Il existe des colorants que l’on peut ajouter dans le ciment ou le mortier, au moment de leur préparation. Cela teinte le matériau dans la masse. Je ne l’ai jamais fait. Je ne sais pas si cela nécessite une couche de résine ou pas. Ce sera l’objet d’une de mes prochaines expériences.

Le béton hyrofuge en recouvrement de mousse polyuréthane incrusté de tuyaux pour cachettes

Les autres éléments à prévoir : peinture et résine alimentaire.
Vous pouvez prendre à peu près n’importe quelle peinture, sachant qu’elle sera obligatoirement recouverte de plusieurs couches (2 à 3) de résine.
La Résine alimentairede Soloplast est le produit utilisé le plus souvent. Il me satisfait. Il faut faire attention à sa toxicité, lors de son utilisation (vapeurs, solvants)  gants et lunettes TRES recommandés (je m’en suis envoyé une goutte dans l’œil, une fois… je peux vous dire qu’après cette belle frayeur, je porte des lunettes). Pour le mode d’emploi précis, je vous renvoie sur l’emballage. Les indications sont très claires : il y a un encart spécial pour les aquariophiles ! C’est dire qu’il est utilisé dans le milieu !
Le principe est de mélanger deux composants qui durcissent en polymérisant. Conseil : faire de petits mélanges car la durée d’utilisation est faible une fois les deux produits en contact (10 à 20 minutes). L’application se fait au pinceau. Je conseille de prendre les pinceaux les moins chers possible car vous en tuez un à chaque application. Ils deviennent durs comme de la pierre en l’espace de 5 à 6 heures. Inutile de chercher à le nettoyer : poubelle.

Illustration concrète avec mon dernier décor :
Je précise que plusieurs de mes contraintes découlaient du fait que le décor était destiné à une population Malawi. Je souhaitais qu’il soit adapté à ma population et satisfasse un maximum de ses exigences. Au-delà, mes autres remarques sont adaptables à n’importe quel décor.
Pour la conception de ce décor, j’ai essayé de prendre en compte (dans l’ordre), les besoins de l’espèce, les caractéristiques de l’aquarium, mon goût.

Les besoins des « malawisiens » sont connus : cachettes rocheuses, espace de nage. J’ai donc fixé comme principes
- un décor pas trop volumineux pour préserver l’espace de nage, et garder de la marge pour ajouter d’autres éléments (pierres naturelles, racine, un Bob l’éponge…) selon mes envies
- Le décor doit monter jusqu’en surface car les cachettes ne doivent pas obligatoirement être au sol. Les poissons aiment se cacher en hauteur pour voir sans être vus.

Les caractéristiques du bac :
- Si le décor est trop grand : il reste dehors  penser à prendre les mesures de l’INTERIEUR du bac !
- Si le décor ne peut pas rentrer : il reste dehors aussi  prendre en compte la présence éventuelle de renforts, raidisseurs qui pourraient gêner l’introduction du décor

Mes goûts : j’ai choisi une couleur ocre, sombre pour faire ressortir les couleurs de mes locataires. Je me suis largement inspiré de ce qu’on peut trouver sur le net, et notamment une superbe source d’inspiration : aquaplume

Pour la réalisation :
Ma première idée était de construire 1 seul décor. Mais les contraintes d’introduction du décor dans le bac étaient grandes surtout en raison des renforts. Finalement, j’ai décidé de constituer un décor en 4 morceaux qui s’emboitaient approximativement. Je souhaitais que les raccords soient invisibles. Mais compte tenu du fait que le décor devait être assez torturé, il était assez facile de les assembler sans que cela ne se voie. Il suffit de prévoir que certains éléments du décor passent devant les autres.

Attention, je pense qu’il ne faut pas construire 1 décor, que l’on découpe après. Le trait de scie est trop rectiligne et difficile à masquer. Sans compter que le découpage peut s’avérer difficile selon le choix des matériaux.

Pour être le plus juste possible dans les dimensions, j’ai réalisé un caisson en bois aux dimensions de l’aquarium. (Attention de bien prendre les dimensions intérieures de l’aqua). Pour ne pas être gêné dans les travaux, je n’ai matérialisé que 4 faces (arrière, les deux cotés et la base)
C’est un peu de travail en plus, mais ça facilite les phases suivantes :
Les angles sont bien droits,
La hauteur et la longueur sont faciles à vérifier,
On se rend mieux compte des proportions que l’on aura dans l’aqua
C’est l’occasion de matérialiser les contraintes techniques (filtres, thermoplongeurs, passage de tuyaux pour bulleurs et autres…)

Exemple de "moule" aux dimensions de l'aquarium

Celui-ci était en carton : pas assez rigide, malgré l'épaisseur et les renforts. L'arrière du décor a pris de la flèche ce qui permettait aux poissons de se faufiler derrière.
Le moule est recouvert d’une pellicule de plastique (sac poubelle) pour limiter l’adhérence des matériaux sur le bois e donc pouvoir « démouler » plus facilement à la fin du séchage.
Une autre méthode est de couler le décor directement dans le bac. L'avantage, c'est qu'il est nécessairement aux bonnes dimensions. Par contre, le bac doit être vide (hé, oui...) et le décor est définitivement solidaire du bac. opération quasiment définitive. Plus droit au changement



1 - J’ai utilisé des pierres (granit) lourdes que j’ai assemblées grossièrement pour donner la forme d’ensemble que je voulais obtenir. Pour mémoire : toutes la hauteur du bac et toute la longueur. Pas de retours trop marqués pour éviter de couper l’espace de nage (240 litres pour un malawi, c’est déjà un peu court. Si, en plus, j’occupe toute la place avec du ciment…) Le poids des pierre est important car il compense le pouvoir flottant de la mousse.

2 - J’ai joint les pierres avec la mousse polyuréthane. L’utilisation de ces bombes est simplissime. Il faut cependant prendre quelques précautions pour ne pas gâcher ^_^
- L’utilisation d’une bombe doit se faire en une seule fois. Impossible d’utiliser le reste le lendemain, par exemple.
- Il faut éviter les applications par petites touches car bien souvent la buse s’engorge et l’application devient impossible
- Il faut tenir compte de son pouvoir expansif. C’est très impressionnant (5 à 6 fois le volume initial avec une marque de bonne qualité !) Mais si vous en avez trop mis, ce n’est pas grave. Vous laissez sécher et retirer l’excès après au cutter. Les chutes peuvent être collées ailleurs pour accentuer des reliefs.

Il faut donc repérer à l’avance les endroits où l’on veut en mettre et ne pas perdre de temps, une fois qu’on a commencé l’application.

J’ai laissé sécher 24 heures.

3 – Après avoir supprimé les surplus de mousse, j’ai couvert l’ensemble de ciment hydrofuge. Plusieurs raisons :
- il s’agit d’une première isolation de la mousse par rapport à l’eau.
- Le ciment couvre également les micro bulles mise à jour par les tailles de mousse. L’application de la résine est plus facile par la suite.
- C’est aussi l’occasion de redonner des reliefs et des formes.

J’ai laissé sécher 1 semaine. Le délai peut-être raccourci selon l’épaisseur de ciment utilisée.
Donner naissance aux formes est le moment le plus excitant. Attention, de ne pas s’emballer. C’est là qu’il faut maitriser les volumes pour laisser de la place aux poissons. Vous pouvez créer des reliefs, mais sans les exagérer (penser au pouvoir « loupe » de l’eau qui accentuera les reliefs). Vous pouvez aussi créer des recoins ; mais ces derniers doivent rester accessibles au pinceau pour appliquer la résine. Si vous voulez vraiment jouer avec des cavernes, pensez à la modularité. Faites votre décor en plusieurs morceaux que vous peindrez et résinerez indépendamment puis les rassemblerez une fois dans le bac.

4 – Démoulage
Le décor est toujours dans son cocon de bois. Il faut le retirer. La tâche doit être facilitée par le sac plastique préalablement disposé.

5 – Place à la barbouille.
En l’état actuel des choses, vous avez du granit apparent, du ciment hydro visible, peut-être quelques aspérités de mousse polyuréthane. Pas super chouette.
Pour harmoniser l’ensemble, un petit coup de peinture s’impose. J’ai utilisé deux bombes de peinture (facilité d’application, y compris dans les recoins) Une de couleur marron (pour pouvoir les associer avec des pierres de lave « ocres » dont je dispose par ailleurs) et une de couleur noire pour faire de petite touches dans les recoins et accentuer l’impression de relief.
Eviter les coulures, les surcharges, bref… les consignes habituelles de peinture.


6 – le résinage.
La partie la plus frustrante car elle est longue, elle est fastidieuse, elle ne se voit pas, … alors que le décor apparaît déjà dans son aspect final. Pourtant, la phase est indispensable car c’est elle qui va rendre votre décor compatible avec le milieu aquatique, en interdisant la diffusion d’éventuels produits toxiques (mousse, peinture, ciment hydrofuge…)
Encore une fois, je vous renvoie au mode d’emploi sur l’emballage.


Une des 4 pièces du décor


Une seconde pièce

Assemblé dans le bac à sec



Et enfin, en eau



Bravo à ceux qui liront l'intégralité de l'article ! (un peu long..., non ?)
Merci à ceux qui ne regarderont que les photos
Et surtout, bon courage à ceux à qui décideront de se lancer.

Dans tous les cas : A votre disposition pour des précisions

Voici le résultat après quelques mois d'immersion

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Discussion ici

https://aqua-idf.forumactif.com/t1688-j-ai-mis-du-volume-dans-mes-decors